Suite à l’étude de Familles rurales qui concerne les fruits & légumes bio, Biocoop souhaite rappeler des éléments que ce document ne précise pas.

Face à un tel sujet, Biocoop souligne l’importance pour les consommateurs d’avoir une
meilleure connaissance des enjeux de l’agriculture biologique et plus particulièrement de la
réalité du marché des fruits & légumes afin de comprendre une telle étude.

Une étude à pondérer

La période de comparaison des prix est trop courte et n’est donc pas suffisamment significative.
« Le marché des fruits & légumes est en fluctuation quotidienne. La saisonnalité des produits, les
volumes de production et les conditions climatiques sont des paramètres qui influent sur les prix et ce,
tous les jours » explique Marc Heber, Directeur secteur fruits & légumes de Biocoop.

La météo est un élément déterminant dans la production de fruits & légumes bio. Pourtant, l’étude ne
prend pas en compte les conditions météorologiques de 2010, des conditions qui ont été très difficiles
pour l’agriculture biologique (gelées et froid tardifs, pluie insuffisante).

« En production biologique, les légumes et les fruits sont en plein champ ou dans des abris dépourvus
de moyens de forçage. Ils sont bien plus soumis aux aléas climatiques que les productions
conventionnelles, souvent sous serres chauffées et hors sol. Les fluctuations de la consommation et le
jeu de l’offre et de la demande s’opèrent en défaveur des producteurs » reprend Marc Heber.

Une enquête portée sur une saison complète, pendant 2 ou 3 ans, eût été alors plus pertinente. Elle
aurait probablement révélée une différence de coût plus insignifiante.

La consommation de produits bio : des enjeux d’équité, de solidarité et environnementaux
qui ont une valeur

La consommation de produits bio est avant tout une consommation responsable qui prend en
considération des facteurs environnementaux et humains.

Le juste prix

En amont du prix final, il y a le coût de revient du produit à la charge de celui qui le produit :
l’agriculteur.

L’agriculture biologique exige beaucoup de main d’oeuvre et un savoir faire précis qui méritent, comme
toutes compétences, d’être rémunérés à leur juste valeur.

Des coopératives comme Norabio ou des réseaux de distribution comme Biocoop attachent une
importance particulière à la juste rémunération du producteur afin que celui–ci puisse vivre
décemment de ses productions.

« L’agriculture biologique ne prendra pas le même chemin que l’agriculture conventionnelle !

Aujourd’hui, un agriculteur en conventionnel ne peut plus vivre de sa production – bradée au profit des
grands distributeurs- mais doit compter sur les aides et les subventions de l’Etat pour survivre. »
commente Marc Paugam, Directeur de l’APFLBB (Association des Producteurs de fruits et de
légumes biologiques bretons).

Contact presse

Mélanie Koronko – 01 44 11 13 67 – Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Vincent Lestani, Directeur de la CABSO (Coopérative des Agriculteurs Biologistes du Sud
Ouest) ajoute : « La moitié des agriculteurs vivent avec moins que le SMIC. Alors que le rôle du
paysan est de plus en plus marginalisé, la bio propose une alternative qui repose sur des enjeux de
partage. La bio qui emploie une main d’oeuvre de longue durée et moins saisonnière, contribue aussi
au maintien d’un tissu social en milieu rural.»

Un consommateur dupé

Avec leurs pratiques de prix bas, les grands distributeurs font croire aux consommateurs qu’il est
possible de payer fruits & légumes en dessous de leur prix de revient, sans qu’il n’y ait aucune
conséquence. Les consommateurs sont alors déconnectés du prix réel.

Les coûts cachés du conventionnel

Nappes phréatiques polluées, abeilles en voie d’extinction, pesticides inhalés par les producteurs et
dispersés dans l’environnement, des OGM dans les aliments…Face à ces conséquences, des
mesures sont prises et mises en place que les producteurs mais surtout les consommateurs payent
indirectement par leurs impôts.

La facture sur l’environnement et la santé est lourde !

Des mesures concrètes pour baisser vraiment les prix de la bio ?

La production biologique est encore insuffisante en France pour répondre à la demande des
consommateurs. Il faut donc développer l’agriculture biologique pour que les prix baissent sans pour
autant léser les producteurs.

Le Grenelle de l’Environnement a fixé un objectif de 6% de la SAU (surface agricole utile) exploités en
agriculture biologique pour 2010. A moins de 5 mois de l’année 2011, seuls 2,5% de la SAU lui sont
dédiés.

Soutenir la conversion pour développer l’agriculture biologique

Pour un agriculteur, être en conversion* est un pari sur l’avenir : il investit et s’investit tandis que sa
production ne pourra être vendue comme production biologique (il faut attendre 3 ans).

Pour lever ce frein et inciter à la conversion, des aides et des subventions conséquentes doivent être
débloquées par l’Etat et les organismes concernés.

« Avec Horizon 2012, le Ministère de l’alimentation, de la pêche et de l’agriculture a estimé, pour
2010, à 29 M d’euros, une enveloppe destinées aux aides à la conversion et au maintien à
l’agriculture biologique. Or, il faudrait moins soutenir l’agriculture intensive polluante et génératrice de
coût environnemental pour la société (pollution des nappes phréatiques, d’appauvrissement sociétal
désertification rurale), insécurisant pour le consommateur (résidus de pesticide) au profit de
l’agriculture biologique qui apporte une réponse concrète à ces trois problèmes. » explique Vincent
Lestani.

Biocoop, acteur militant et engagé depuis 25 ans pour le développement d’une agriculture
biologique, souligne que vendre et consommer sont des actes responsables qu’un prix devrait
illustrer au mieux. Plus particulièrement lorsqu’il s’agit de produits qui impliquent le travail de
femmes et d’hommes qui vivent d’une production aléatoire.
* Etre en conversion : passer de la pratique d’une production conventionnelle à celle d’une production biologique